1. DIU cuivre
Le DIU (dispositif intra utérin) alias stérilet, existe en 2 versions : l’un est hormonal, l’autre est en cuivre. Parlons du DIU cuivre puisque le thème de cette semaine est la contraception sans hormones. J’insiste sur le terme DIU et non de stérilet (même si c’est son appellation la plus courante) car cela peut porter à confusion : « stérilet » fait penser à « stérile » alors qu’il n’y a aucun risque de le devenir en l’utilisant, il peut être placé même quand on est jeune et sans enfants.
C’est quoi ? Le DIU cuivre est un petit dispositif plastique en forme de T recouvert de fils de cuivres inséré dans l’utérus par un professionnel de santé. Il existe plusieurs modèles et d’ailleurs, un tout dernier est sorti récemment, appelé IUB (balles intra-utérine). Plutôt que de former un T, il n’y a pas de parties « saillantes » et est composé de petites boules de cuivre reliées entre elles par un fil.
Comment ça fonctionne ? Le DIU cuivre provoque une inflammation qui modifie l’environnement de l’utérus. Cet état (l’inflammation et ce qu’elle créé ou le cuivre ou les deux) fait que les spermatozoïdes sont tués avant qu’ils n’aient le temps d’atteindre l’ovule.
Quelle efficacité ? Indice de Pearl de 0,6 en utilisation parfaite (c’est à dire que 0,6 femme sur 100 tombe enceinte durant la dernière année écoulée) et 0,8 en utilisation courante.
Combien ça coûte ? Le DIU cuivre (en forme de T) coûte + ou – 30 euros (alors que le IUB coûte près de 100 euros de plus) et peut se garder jusqu’à 5 ans d’affilée.
Inconvénients ? Chez la plupart des femmes : règles plus longues, plus abondantes et plus douloureuses (2 à 10% des utilisatrices décident d’enlever leur DIU au cours des 12 premiers mois en raison de ces problèmes). Parfois : peut être mal supporté (douleurs dans le bas ventre ou le dos, fatigue chronique). Peut arriver qu’il y ait un rejet du corps (DIU expulsé – ce qui arrive dans 5 à 10% des cas) ou qu’il soit mal placé.
Avantages ?
Économique, pratique (plus besoin de penser à sa contraception une fois qu’il est posé), écologique (car pas de prise d’hormones) et très efficace (plus que la pilule en utilisation courante).
2. Stérilisation
La stérilisation existe pour hommes (vasectomie) et pour femmes (ligature des trompes). Saviez-vous que c’est le moyen de contraception le plus utilisé à l’échelle mondiale ? Elle concerne 30% de la population (homes et femmes confondus). La moitié des américains, 56% des Brésiliens et 61% des Canadiens optent pour la stérilisation, souvent par confort après avoir fondé leur famille. En Inde et en Amérique du Sud par contre, les couples y sont contraints à cause de la pauvreté ou des politiques eugénistes dont ils sont victimes. Aujourd’hui je parlerai de la ligature des trompes puisque le thème de la semaine est la contraception non hormonale féminine mais je reviendrai plus en détails sur la vasectomie lorsque je parlerai de contraception masculine (c’est prévu très bientôt).
C’est quoi ? Méthode définitive pour celles qui ne désirent pas ou plus d’enfants.
Comment ça fonctionne ? Il s’agit d’une chirurgie légère sous anesthésie qui dure 15 à 20 minutes et qui consiste à (comme son nom l’indique) ligaturer les trompes ou encore les clipper ou les les obstruer.
Quelle efficacité ? Indice de Pearl de 0,5 (c’est à dire que 0,5 femme sur 100 tombe enceinte durant la dernière année écoulée).
Combien ça coûte ? Variable.
Inconvénients ? Cas de légères douleurs après l’opération.
Avantages ?
Économique (à payer une fois pour le reste de sa vie), pratique (ne plus jamais avoir à penser à sa contraception), écologique (car pas de prise d’hormones) et très efficace.
3. Symptothermie
La méthode symptothermique a plusieurs appellations selon les instituts de formation : Sensiplan (Allemagne, Belgique, Pays-Bas etc.), SymptoTherm (Suisse),MAO (France – enseignée par le CLER), Séréna (Québec). Elles fonctionnent toutes sur le même principe mais les règles pédagogiques sont un peu différentes.
C’est quoi ? C’est une méthode d’observation du cycle de la femme qui lui permet de repérer ses jours fertiles et infertiles (pouréviter ou favoriser une grossesse) car contrairement à l’homme, elle n’est féconde qu’une semaine par mois, lui l’est24H/24, 7j/7.
Comment ça fonctionne ? Analyse de 2 paramètres : la température (au réveil) ET la glaire cervicale ou la position du col de l’utérus (en fonction de ce que préfère la femme). La glaire cervicale est ce qu’on appelle plus communément les « pertes blanches ». Quand j’étais adolescente, j’ai toujours pensé que c’était sale mais lorsque j’ai appris cette méthode, j’ai découvert qu’elles étaient tout à fait normales et que grâce à elles, je pouvais savoir où j’en étais dans mon cycle.
Ces 2 indicateurs (T° et glaire) permettent d’identifier précisément le moment de l’ovulation. C’est ce double contrôle qui fait la grande efficacité de la méthode (contrairement à la méthode des T° seule, ou encore Ogino ou Billings).
Quelle efficacité ? Pour Sensiplan, l’indice de Pearl est de 0,4 en utilisation parfaite (= 99,6% d’efficacité). La pilule est à 0,3, ce qui est donc très comparable. Et de 1,8 en utilisation courante. Pour la pilule ça varie entre 2 et 9 en fonction des pays.
Combien ça coûte ? Pour prendre mon exemple : j’ai payé 150 euros pour 4 cours d’une heure et un thermomètre, ce qui est dérisoire quand on sait que lorsque la méthode est apprise, c’est pour une vie entière.
Inconvénients ? Temps d’apprentissage (4 cycles), certains style de vie où il est plus difficile d’appliquer, gestion de la phase fertile (trouver une méthode barrière qui convient pour pendant la période de fertilité).
Avantages ?
Économique (une formation à payer pour le reste de sa vie), autonomie (la connaissance du cycle renforce les femmes), absence d’effets secondaires, écologique (car pas de prise d’hormones), permet l’implication du conjoint, non invasif (ne nécessite pas une intervention chirurgicale).
4. Diaphragme
Le diaphragme est une coupelle qui ressemble un peu à la cup menstruelle mais moins creuse et plus large. Il est souvent confondu avec le préservatif interne (féminin) ou encore avec la cape cervicale. La différence est que rien ne recouvre les parois du vagin donc pas d’altération au niveau des sensations et qu’il faut être moins précis pour le positionner (la cape est plus petite et ne recouvre que l’entrée du col de l’utérus). Caya est une marque très connue de diaphragme qui peut s’acheter sur Internet. Etant donné qu’il existe différentes tailles et que la pose et le retrait peut sembler complexe au début, un rdv avec une sage femme est recommandé.
C’est quoi ? Il s’agit d’une méthode dite « barrière ». Il n’est plus fait de plastique rigide comme auparavant (les jeunes femmes bourgeoises des années folles – années 30 – l’utilisaient déjà) mais de matériaux souples de sorte que le partenaire ne sente rien.
Comment ça fonctionne ? Il se place au fond du vagin et s’utilise avec un gel (le Cayagel n’a pas de composition chimique***) qui créé un milieu défavorable pour les spermatozoïdes (une noisette de gel est versée dans la coupelle avant insertion dans le vagin). Il peut se placer 2h avant un rapport sexuel (ou juste avant) et doit être laissé 8h après le rapport sexuel. En cas de rapports sexuels successifs ou s’il est en place depuis plus de 2h, laissez le diaphragme et appliquez une nouvelle dose de gel dans le vagin à l’aide de l’applicateur.
Quelle efficacité ? En utilisation parfaite, indice de Pearl de 6 et en utilisation courante 16. Utilisé avec la méthode du retrait, cette méthode devient vraiment très efficace.
Combien ça coûte ? 35 euros le diaphragme + gel.
Inconvénients ? Le fait de devoir le garder 8 heures dans le vagin après le rapport n’est parfois pas adapté et le spermicide ou le dispositif peuvent générer des mini irritations ou inconforts.
Avantages ?
Économique (il se lave après utilisation et peut servir pendant 4 ans), permet à la femme de mieux connaitre son corps, écologique (car pas de prise d’hormones), non invasif (ne nécessite pas une intervention chirurgicale).
*** L’acide lactique, composant principal du Cayagel, est naturellement présent dans le vagin. Il permet de créer un environnement acide défavorable à la survie des spermatozoïdes sans déranger la flore vaginale. La cellulose apporte le côté « pâteux » du gel et permet d’immobiliser les spermatozoïdes dans le vagin. Le lactate de sodium est un conservateur et régulateur de pH. Il existe à l’état naturel et est notamment produit dans le métabolisme humain. L’acide sorbique est un conservateur et régulateur de pH. Etant considéré comme l’un des conservateurs les plus inoffensifs, il ne provoque pas d’effet secondaire.
5. Applications mobiles
Pour clôturer le thème « Sans hormones, est-ce efficace? », j’ai envie de parler des applications mobiles. De plus en plus de femmes autour de moi en utilisent comme moyen de contraception et j’aimerais les alerter sur le fait que la plupart ne sont pas fiables car elles appliquent la méthode du calendrier menstruel (fameuse méthode Ogino) ou la méthode des t°.
C’est le cas de Natural Cycle par exemple, qui se base sur la t° pour établir un pronostic quant à la période d’ovulation de l’utilisatrice. En gros, chaque matin vous encodez votre t° et l’algorithme – dont le fonctionnement est gardé secret – fait son calcul et indique si vous êtes en période fertile ou non. Il suffit que vous soyez malade pour que votre t° augmente et donc cet élément de vérification seul n’est pas suffisant, ce qui explique la non fiabilité de Natural Cycle.
Toutes les applications ne sont pas à jeter à la poubelle pour autant. Il en existe d’autres disponibles sur le marché, notamment une application symptothermique (
Sympto.org) qui arrive en 2ème position au classement d’une étude indépendante comparant l’efficacité de différentes applis de contraception.
Cependant, vous ne pouvez vous fier à une application que si vous avez étudiez une méthode en amont (comme la méthode symptothermique par exemple) qui vous permet d’analyser et comprendre par vous-mêmes les données que vous y entrez. Dans ce cas, elle est un support pour retranscrire vos informations au quotidien et vous aide à les déchiffrer plus facilement (c’est de cette manière que
Sympto.org fonctionne), mais elle ne peut se substituer à cet apprentissage auquel cas vous devenez dépendantes d’une technologie qui vous échappe.