5. Vieillesse
Lors de l’enregistrement du podcast avec Camille (que vous pouvez retrouver ci-dessous), on parlait des injonctions faites au corps des femmes et entre autres de la vieillesse. Confession pour confession, je lui ai expliqué que vieillir me fait peur. Plus que la mort elle-même en fait. C’est seulement depuis que je m’intéresse au féminisme que je réalise que cette angoisse est intimement liée à la société patriarcale dans laquelle je suis née, me suis construite et ai grandi.
J’ai écouté un podcast passionnant à ce sujet « Vieilles, et alors ? » (oui encore un podcast à soi, je suis fan) et les témoignages sont terriblement poignants parce qu’ils sont l’expression de mes craintes. Une des membres de « Fouffe qui peut » parle du sentiment d’invisibilité : « On n’est plus des partenaires sexuelles potentielles donc on ne présente plus d’intérêt ». C’est précisément ce que je trouve terrible. L’expérience chez une femme n’est presque jamais valorisée, ce qui est différent pour un homme. Toujours dans le podcast, Juliette Rennes, sociologue, s’exprime sur ce point :
« Il existe pour les hommes plusieurs modèles de beauté liés aux différents âges de la vie, il y a les vieux beaux et le fait que les traces sur le visage d’une expérience ou d’une aventure vécue peuvent être compatibles avec la séduction (un homme est valorisé dans ce qu’il fait). Alors que pour les femmes, il existe un seul modèle qui est celui de la jeune femme. Les femmes en vieillissent sont enjointes à rester le plus proche possible de ce modèle initial. Il faut s’émanciper de cette obsession de la figure de la jeune femme ! ».
Saviez-vous d’ailleurs qu’il y a 5 fois plus de suicide chez les hommes que chez les femmes après 75 ans ? Car un homme le vivrait plus comme un choc. Fou non ?
En menant les recherches sur ce sujet des injonctions faites au corps des femmes, j’ai réalisé que beaucoup d’entre elles allaient dans le sens du « femmes, ne vieillissez pas ! ». Effectivement, nos poils doivent disparaitre alors qu'ils sont le signe de notre maturité sexuelle (chez les hommes ils sont plutôt bien perçus), nos vergetures sont considérées comme disgracieuses alors qu'elles sont le signe d’un corps qui grandit à l’adolescence par exemple, nos rides doivent être nos pires ennemies (celles d’un homme seront davantage vues comme des marques d’expérience et plus valorisées)… Et puis il y a également les cheveux blancs ! Une chevelure poivre et sel chez Georges Clooney, c’est ultra sexy, mais pouvez-vous me citer une seule femme chez qui c’est mis en avant ?
J’ai découvert le travail de femmes formidables à ce sujet. Il y a Martha Truslow Smith, une américaine de 26 ans qui a eu ses premiers cheveux blancs à l’âge de 14 ans. Pendant 10 ans, elle les a caché et récemment, elle a décidé de les laisser au naturel et de le montrer sur la toile. Son compte
@grombre est "A radical celebration of the natural phenomenon of grey hair ». Les femmes peuvent lui envoyer des photos de leur cheveux et elle les publie sur sa page, pour les mettre en avant et en finir avec cette peur de se voir pousser un cheveux blanc sur le crâne.
En France,
@SophieFontanel veut elle aussi célébrer le cheveux blanc chez les femmes, ce qu’elle fait sur son IG mais aussi avec son livre « Une apparition » dans lequel elle raconte sa transition avant de devenir totalement « blande » (nouveau terme qui provient de la contraction de deux mots : blanche et blonde). Elle nous prouve qu’on peut être belle et séduisante avec une tignasse grisonnante. Sur internet, les hastags
#greydontcare,
#goinggray,
#grannyhair ou encore
#blande ont beaucoup de succès et prônent un retour au naturel. J’aime ❤️
Continuons toutes à nous battre pour que nos singularités soient nos forces.
"Soi toi et t'es belle"